Union Protestante Libérale

 

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Cycle : "Quel avenir pour quelle terre ?

Colloque : "Quel avenir pour notre terre ?"

Le colloque sur le thème : quel avenir pour quelle terre ? a rassemblé, le 18 mars 2006, au Foyer Lecocq / St-Guillaume) à Strasbourg, une soixantaine de personnes (voir les photos présentées par Nathalie Leroy-Mandart sur le blog http://unionprotlib.over-blog.com/article-2188914.html). Il avait été précédé par une réflexion théologique sur le sujet, présentée par le professeur Gérard Siegwalt, une conférence de David Gakunzi sur les rapports Nord-Sud et une conférence de François Brune sur l'idéologie publicitaire. Il se prolongera par une conférence de Gilbert Greiner ("La force d'ouverture à l'inconnu", le 17 mai), et une autre de Serge Latouche ("Croisance, décroissance, croissance zéro?", le 21 octobre). Il est, par ailleurs, envisagé de poursuivre la réflexion avec des acteurs économiques au cours de la saison 2006-2007.
Nous publions progressivement des notes de synthèse, mais aussi le texte complet de l'excellente contribution du Général Jean-Paul Baillard - d'une extraordinaire précision, sur la question du nucléaire civil et militaire.
Les thèmes suivants ont été abordés lors du colloque :

- L'avenir du monde : sous le signe de quelles valeurs, quelles priorités ? Introduction au colloque (Ernest WINSTEIN),

- l 'évolution de la population mondiale ;

- "Nécessaire immigration ?" (Michel WECKEL, permanent de la Cimade à Strasbourg) ;

- "Risque nucléaire, risque écologique ?" (le Général Jean-Paul BAILLIARD, ancien Directeur au Commissariat à l'Energie Atomique/CEA).

- "Pétrole, début de la fin" (diaporama réalise et présenté par Hugues STOECKEL, Professeur, militant écologique).

-Quelle économie pour sauver le monde - quel monde ? dans le cadre d'une table-ronde avec Catherine TRAUTMANN, Députée européenne, Marc REYMANN, Député, Hugues STOECKEL, ancien Conseiller régional et Daniel RIOT (Directeur de la Rédaction européenne de France3).

La question "Quel avenir pour quelle terre ?" est celle de tous - croyants ou non croyants. Nous avons des valeurs à défendre, à reprendre, à définir et redéfinir, et surtout à appliquer. Le dénominateur commun serait-il une volonté commune de justice ? Les lecteurs de la bible se souviendront de l'appel prophétique de Dieu "cherchez la justice et vous vivrez" (Amos). En toute honnêteté comment nous dire croyants sans répondre à cet appel par notre engagement professionnel, social, politique, religieux à faire en sorte que Dieu puisse encore dire : Et Dieu vit que c'était bon, voire "très bon". (Gen 1) ! Notre foi ne sera pas vaine si elle nous encourage à réfléchir et à agir. Quel avenir pour quelle terre?

Introduction

(par Ernest Winstein)

Les chrétiens rêvent beaucoup d'un royaume à venir… Ils l'appellent parfois Royaume de Dieu. S'agirait-il d'une réalité future à laquelle nous n'aurions pas de contribution à apporter ? Tel n'est pas notre avis.
Certes, la destinée de la terre, dans le délai long, ne nous est pas connue. L'univers pourrait revenir à son état de " trou noir "…, comme l'indiquent les scientifiques. Et après ? Nous laissons la question ouverte. Dieu n'a-t-il pas pour nous des pensées qui sont au-delà de nos pensées ? En attendant les ultimes solutions, nous voilà installés, bien concrètement sur notre terre. Ce qui se passe à sa surface évolue en fonction de l'intervention plus ou moins réfléchie d'une catégorie (privilégiée, parce que plus intelligents ?) d'êtres. Les humains ont-ils suffisamment d'intelligence et de volonté pour organiser le devenir de l'humanité de façon telle que la vie sur la terre ait un avenir ? Poser la question de l'avenir revient à poser la question du sens de la vie et de l'action que nous menons aujourd'hui. Si l'avenir était bouché, " aujourd'hui " aurait-il un sens ?

 

Le danger nucléaire
Nous sommes capables de priver d'avenir le devenir de l'humanité… Une guerre nucléaire est toujours possible, nous l'avons un peu oublié, depuis que le rideau de fer Est-Ouest est tombé. Mais les préparatifs de l'Iran - et d'autres pays - à un équipement armé atomique nous rappellent que tout est possible. Le terrorisme, de son côté, montre que des humains sont capables d'actions criminelles et dévastatrices de grande envergure.
Les programmes militaires nucléaires intègrent la triste éventualité d'un conflit majeur mettant en cause la survie de l'humanité et risquant de rendre la terre inhabitable. Une telle logique est de type suicidaire collectif.
Par rapport au potentiel nucléaire mondial et ses "possibilités" les bombes de Hiroshima et Nagasaki n'étaient que des essais en vue d'une intervention plus significative - si l'on peut en faire état sans cynisme. L'accident de Tchernobyl, certes extrêmement grave, apparaît bénin...

Les réseaux économiques et l'idéal de dignité, d'égalité et de justice
Autre chose est le fonctionnement du tissu économique au niveau mondial - et sans doute faut-il parler des tissus économiques. Le libre cours de la concurrence est-il capable d'auto-réguler un fonctionnement qui ne déstabilise ou détruise pas des régions entières du globe, et nous savons que le risque ne se limite plus seulement aux pays du "tiers-monde"! Dans quelles conditions des économies locales, régionales ou nationales peuvent-elles subsister, s'intégrer au fonctionnement mondial ? Peut-on en orienter le cours? Faut-il les orienter, diriger, les contrôler… ? Dans quelles conditions le maillage économique peut-il s'articuler avec tout le règne animal (nécessité oblige : nous en sommes!) et végétal sans le mettre en danger ? Quel mode de fonctionnement économique et social permet à l'individu de vivre de manière digne, c'est-à-dire non seulement de disposer de ce qui lui permet de vivre, mais de jouir de la vie en intégrant ce qui est de l'ordre de la beauté, de l'art, les relations interhumaines qui font la richesse d'une existence et contribuent à lui donner un sens. Qui peut et veut travailler pour plus de justice et d'égalité ? La question ne peut être éludée sous prétexte que l'égalité ne sera jamais parfaitement réalisée, ni qu'elle se trouve constamment menacée. Le monde ne risque-t-il pas de sombrer dans un fonctionnement froid et mécanique sans que s'exprime le besoin d'une certaine fraternité et… la volonté d'y travailler ? Enfin, la question de savoir comment construire une société où tout le monde est partie prenante quant à l'organisation et quant au bénéfice que celle-ci lui procure, pose la question d'un fonctionnement réel de la démocratie. N'est-elle pas très souvent, récupérée par des décideurs divers, des tenants de pouvoir, institutionnel ou financier ? Qui sont les veilleurs, sinon tous les citoyens du monde ?
Une foi active…
La question Quel avenir pour quelle terre ? est celle de tous - croyants ou non croyants. Nous avons des valeurs à défendre, à reprendre, à définir et redéfinir, et surtout à appliquer. Le dénominateur commun serait-il une volonté commune de justice ? Les lecteurs de la bible se souviendront de l'appel prophétique de Dieu "cherchez la justice et vous vivrez" (Amos). En toute honnêteté comment nous dire croyants sans répondre à cet appel par notre engagement professionnel, social, politique, religieux à faire en sorte que Dieu puisse encore dire : Et Dieu vit que c'était bon, voire "très bon". (Gen 1) ! Notre foi ne sera pas vaine si elle nous encourage à réfléchir et à agir.

Ernest Winstein

 

Rapports Nord-Sud : Interdépendance et équité

Conférence de David GAKUNZI du 14 décembre 2005 au Foyer Lecocq à Strasbourg

David GAKUNZI est Coordinateur du Programme Dialogue Europe-Afrique,

au Centre Nord-Sud du Conseil de l'Europe.

Rapports Nord-Sud : interdépendance et équité (défis et futurs possibles)

Si la mondialisation constitue une réalité inscrite dans la trajectoire du progrès humain et peut représenter une opportunité de progrès au niveau global, elle creuse néanmoins les inégalités entre le Nord et le Sud, marginalise, exclut, rejette la majorité de l'humanité dans la pauvreté. La pauvreté étant l'ennemi de la paix, la mondialisation, dans sa forme actuelle, peut donc s'avérer destructrice et constituer une menace pour la stabilité à l'échelle globale. Le changement d'époque que nous vivons s'accompagne donc d'un nouveau défi majeur à relever : celui de la construction d'une autre interdépendance basée sur les valeurs d'équité.

Face aux mutations actuelles, il s'agit en effet non pas d'avoir peur et de se sentir désarmé, mais de réfléchir et d'agir à l'échelle planétaire afin de réguler les rapports Nord-Sud dans le sens de plus de justice, de démocratie et de respect de la diversité culturelle.

Devant nous s'impose plusieurs défis et questions auxquels il nous faut trouver des réponses adéquates dans le dialogue.

ARTICULATION DE LA GOUVERNANCE
La question de la gouvernance en général et des rapports entre l'Etat et la Société est partout dans le monde une question d'actualité. Au Nord comme au Sud, si l'émergence de l'Etat de droit a fait d'énormes progrès ces dernières années, le dialogue entre l'Etat et les citoyens demeure en effet dans certains cas un véritable défi. La démocratie représentative est également en crise dans un certain nombre de pays.

D'autre part, avec les progrès réalisés dans les processus d'intégration régionale, l'échelle de gouvernance est entrain de se déplacer de plus en plus vers le niveau régional et global. L'enjeu est donc double : Comment à la fois rapprocher l'Etat des gouvernants pour qu'il exerce son rôle au bénéfice des citoyens - et l'intègrer, l' articuler aux autres niveaux de gouvernance- régionale et global?

LE DIALOGUE INTERCULTUREL

Alors que chaque jour les nations et les peuples sont de plus en plus interdépendants, on assiste au Nord et au Sud à la montée de comportements extrémistes, allant du retranchement identitaire au rejet de "l'autre", voire au fanatisme. Au-delà des différences culturelles, linguistiques, religieuses, comment identifier et promouvoir un ensemble de valeurs partagées et inscrire en même temps le principe de la diversité et de l'équlibre dans l'organisation du monde?

LES MIGRATIONS

La migration apparaît comme l'un des défis majeurs de notre époque. Chaque année des milliers de gens quittent leur pays à la recherche d'une vie meilleure. Il faut s'attendre à ce que ces mouvements s'intensifient au cours des décennies à venir. L'enjeu pour les pays du Nord et du Sud est de mieux gérer les migrations de manière à en faire une opportunité pour la croissance, le développement et le dialogue interculturel. Il s'agit de mettre en place une gestion multilatérale des migrations fondée sur le respect des droits de l'homme, la rationalité économique et un certain nombre de principes de bonne gouvernance acceptés par les pays d'origine, de transit et de destination.

COOPERATION AU DEVELOPPEMENT

La coopération au développement est souvent présenté comme un instrument de solidarité, de responsabilité internationales et de développement. Ces dernières années, elle a connu de profonds changements aussi bien dans son architecture que dans ses objectifs : approche sectorielles, appui budgétaire, gestion par résultat...Est-elle plus outillée aujourd'hui pour lutter contre la pauvreté et produire du développement ?

SECURITE ALIMENTAIRE

Famines au Sud, risques sanitaires au Nord… L'accès à tous en toute circonstance à une alimentation sûre et nutritive permettant de mener une vie saine et active demeure un défi partagé. Quelles politiques faut-il mettre en œuvre pour permettre l'accès à tous à une alimentation saine et durable ?

SECURITE HUMAINE

Le concept de « sécurité humaine » est né au cours des années 90. Il englobe à la fois les notions de lutte contre la terreur et la misère ainsi que l'exigence de développement Humain, la prévention des conflits et la consolidation de la paix après les conflits. Ce concept nous rappelle que l'avenir de la sécurité globale ne peut pas être la résultante des seules mesures sécuritaires mais qu'elle est indissociable de l'édification d'institutions publiques démocratiques et efficaces ainsi que de la lutte contre la pauvreté.

REDUCTION DE LA PAUVRETE

Plus d'1 milliard de personnes survivent avec moins d'undollar par jour.La persistance de la pauvreté dans de nombreux pays du Sud constitue une violation flagrante des droits de l'Homme mais également une menace à la sécurité locale et globale. Les politiques et stratégies de lutte contre la pauvreté définies au cours des dernières décennies et mise en oeuvre actuellement dans les pays pauvres sont-elles en mesure d'apporter des réponses satisfaisantes aux besoins essentielles des populations pauvres en matière d'alimentation, d'éducation, de santé et d'accès à l'eau potable ?

COMMERCE EQUITABLE

La régulation des flux internationaux de marchandises, de capitaux et de technologie constitue un enjeu fondamental au cœur des relations internationales. Quels mécanismes et régulations mettre en place pour promouvoir l'intégration des valeurs d'équité et les objectifs de lutte contre la pauvreté dans l'organisation des échanges internationaux?

SANTE GLOBALE

SIDA, grippe aviaire... Jamais les pandémies et les maladies infectieuses n'ont circulé et évolué aussi vite qu'aujourd'hui, dans les pays du sud comme dans les pays du Nord. Ces évolutions sanitaires nous rappellent que la santé n'est pas une affaire relevant exclusivement des professionnels de la santé mais un défi planétaire qui exige des réponses globales. Que faire et comment faire pour renforcer le travail des institutions et mécanismes globaux existant afin de garantir le droit à la santé pour tous ?

ENVIRONNEMENT ET DEVELOPPEMENT DURABLE

Tous les indicateurs montrent l'environnement se détériore à une grande vitesse au Nord et au Sud (dimunition de la couche d'ozone, effet de serre, désertification, innondations…). Deux questions se posent :

1 De nombreux protocoles internationaux visant à protéger le patrimoine écologique planétaire et garantir le développement durable ont déjà été signé. Comment s'assurer de leur mise en application?

2 Comment assurer le développement du Sud tout en protégeant l'environnement ?

David Gakunzi